Ce projet a été réalisé durant le confinement dû à la pandémie de coronavirus en 2020. La métaphore du soleil fait référence aux propos du neuropsychiatre Boris Cyrulnik qui compare la connexion interpersonnelle constructive à des soleils éclairant de nouvelles connections mentales, qui permettent d'accroître la créativité et la santé générale. Dans ce moment de solitude, d'isolation, de manque et de désir, la métaphore de l'autre (dans son corps et son esprit, l'autre comme un complice dans mon expérience du monde) se fantasme dans une intensité comparable à celle d'un soleil brûlant que l'on retrouve après l'hiver et auprès duquel on souhaite se réchauffer longtemps, jusqu'à l'excès (la brûlure). Cet excès peut aussi référer aux relations malsaines ou toxiques, à la difficulté affective, finalement.

L'image de figurines dont la couleur du corps était partiellement beige, partiellement noire, a choqué une partie de notre public. En effet, le découpage des teintes sur la forme figurative a été interprété comme faisant référence à l'image du black face. Bien que l’artiste aborde la question humaine dans son ensemble unifié, sans égard aux divisions identitaires, l’'utilisation maladroite de certaines images est une question épineuse à laquelle nous devons tous réfléchir collectivement. Plusieurs événements récents nous en montrent la difficulté et appuient la nécessité de s’y pencher sérieusement, en tout respect de l’ensemble des communautés. C'est dans ce contexte qu’Arprim, en dialogue avec l’artiste, a décidé de retirer l'image de son site internet, afin de se mettre en position d’écoute et de se montrer sensibles aux commentaires soulevés par ceux et celles qui ont été blessées par l'œuvre. Le centre a consulté, écouté les intervenant.e.s concerné.e.s et a conclu qu’il était nécessaire de transformer ses pratiques et structures au regard d’enjeux sociaux essentiels pour lesquels nous devons toutes et tous nous remettre en question.

Réchauffe-moi enfin de ton soleil même s'il me brûle
Elise Provencher
Céramique émaillée, tige de métal
20 x 18 x 8 cm
Édition de 3 exemplaires

Élise Provencher vit et travaille à Montréal. Son parcours inclut des résidences de recherche et formation en Belgique, en Allemagne et au Québec et la participation à plusieurs expositions et initiatives collectives et individuelles dont la Maison de la Culture Mont-Royal, La Centrale Powerhouse (Montréal), La FAAQ 2019 (Québec), L'Écart (Rouyn-Noranda 2016), Puces Pop, OFFTA,  Regart (Lévis,Qc), eXcentrer (Drummondville). Elle détient un MFA en Fine Arts de Concordia, depuis 2018. Par la rapidité du geste dans un médium parfois très lent comme la céramique, elle trouve en les façonnant des personnages dont la joie de vivre n'a d'égal que leur difficulté à vivre. C'est avec humour qu’elle aborde par la figuration des thématiques humaines comme la terreur existentielle, l'amour et l'amitié, la solitude, l'aliénation sociale, l'excès, la pleine conscience.